Le 13 mars s’est tenue la manifestation d’ouverture du Forum Social Mondial à Salvador de Bahia, au Brésil. Une manifestation massive et festive, de plusieurs dizaines de milliers de personnes, qui a montré la persistance d’un mouvement altermondialiste qui est confronté aujourd’hui à plusieurs défis.

MEDIAPART

La réussite de la manifestation de Salvador était d’autant plus importante que la ville dans laquelle se tient le FSM n’est pas n’importe quelle ville du Brésil. L’ancienne capitale du pays, qui possède un patrimoine historique impressionnant, est une ville populaire dont la majorité de la population est d’origine africaine, une caractéristique plus qu’importante dans un pays qui est celui qui a reçu le plus grand nombre d’esclaves africains déportés pendant près de trois siècles et qui continue à connaître des inégalités sociales très profondément liées aux discriminations raciales qui sont loin d’avoir disparues. C’est aussi une ville et un Etat dans lequel le PT garde une implantation importante ainsi que le PCdoB – partout présent dans la manifestation de mardi 13 mars – un parti communiste d’origine maoïste mais qui reste un soutien indéfectible de Lula et des gouvernements de gauche. Le « peuple de Lula »  manifestant à Salvador renvoie aux sondages qui montrent que l’ancien président est toujours premier dans la course à la présidence pour l’élection de fin 2018. Mais il est aussi le signe, par le poids des absents, des césures de la gauche et des mouvements sociaux sur le bilan des années Lula et Rousseff. La gauche radicale, PSTU et PSOL, qui étaient très présents à Porto Alegre dans les années 2000 n’étaient pas au rendez-vous pas plus, et c’est une rupture au moins aussi grave, que tous les mouvements environnementalistes qui reprochent aux gouvernements PT la poursuite de politiques productivistes et extractivistes.

Dans ce contexte le FSM de Salvador de Bahia sera centré sur les résistances face à des politiques néolibérales et autoritaires impulsées par les nouveaux gouvernements de droite qui sont au pouvoir dans les deux pays les plus importants d’Amérique du sud, Argentine et Brésil, de même que dans de nombreux pays du monde, au Nord, avec Donald Trump, comme au Sud avec Modi en Inde, Duterte aux Philippines ou Sissi en Egypte. Un axe très important également pour ce FSM sera les luttes pour les droits de femmes, et en particulier celles contre les harcèlements, les viols et les agressions. Une journée particulière du FSM sera consacré à ce thème, porté bien évidemment par les féministes impliquées dans la campagne « #Meetoo » mais aussi les militantes argentines mobilisées depuis des années par les « fémicides ». Plus généralement, de nombreux séminaires et ateliers porteront sur la nouvelle situation internationale dans un monde fragmenté politiquement et où des tentations de repli nationaliste sont présentes dans plusieurs régions du globe, à commencer par les Etats-Unis de Donald Trump. Il s’agira à la fois de discuter de la situation globale : est-on ou non entré dans une phase de « démondialisation » avec un recul des échanges et le début de guerres commerciales ? Jusqu’où ira le « grand jeu » auquel nous assistons, avec, par exemple, la signature d’un accord trans-pacifique avec 11 pays des deux rives du Pacifique, mais sans les Etats-Unis ? Mais aussi de cas plus concrets comme le projet d’accord entre l’Union européenne et le Mercosur qui mobilise la société civile des deux continents.

Le FSM sera aussi l’occasion de discuter du bilan des gouvernements progressistes en Amérique du sud, du Brésil bien évidemment, mais aussi du Venezuela qui connait une crise économique, sociale et politique majeure, et de la Bolivie et de l’Equateur. Ces débats porteront sur le modèle de développement à privilégier, avec une critique des politiques extractivistes qui ont été mises en œuvre par ces gouvernements et sur les rapports entre mouvements sociaux et gouvernements progressistes. Des débats particulièrement pour les latino-américains mais aussi pour les européens et les américains du nord qui connaissent une forte croissance de nouvelles forces radicales à gauche, de Podemos à France Insoumise en passant par Sanders et Corbyn et qui discutent également des programmes, des modèles de développement et des réformes politiques à mettre en œuvre.

 

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